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ISSN 2496-9346

samedi 1 février 2014

Un bureau en l'an 2000 (1950)

Comment imaginait-on la vie au bureau en l'an 2000 cinquante ans avant? C'est le sujet de cet article. Pourrez-vous citer toutes les inventions prévues qui sont désormais dans notre quotidien?

En cet an de grâce 1950, les commerçants, qui débutèrent dans le négoce en 1900 et même plus simplement avant la Grande Guerre, sont d’ac­cord pour reconnaître qüe jamais ils n’avaient prévu les progrès de l’équipement matériel de bu­reau actuel.
Pour n’en citer que quelques exemples, iis se souviennent du temps où très dogmatiquement on discutait pour savoir si une lettre tapée à la ma­chine ne constituait pas une impolitesse pour les destinataires... si les doubles au carbone avaient une valeur probante devant les tribunaux de Com­merce... si le duplicateur à stencils ne prenait pas une forme de confectionneur de prospectus... si la comptabilité à décalque avait une réelle valeur comptable, etc.
Aujourd’hui, en 1950, il est acquis qu’il est plus correct d’écrire une lettre privée, personnel­le et même intime à la machine, car elle n’impose pas l’incorrection d’une écriture plus ou moins lisible. Et le Magnétophone est en train d’effec­tuer une révolution, non seulement dans la dictée du courrier mais dans l’organisation du travail autrement importante et bouleversante que la très répandue machine à écrire.
Tout cela fait penser que l’homme de 1950, n’est peut-être pas plus capable dans sa généra­lité d’envisager ce que sera le bureau commercial ou privé de l’an 2000 que son aïeul de 1900 n’é­tait susceptible de concevoir le sien. Il y a ce­pendant des améliorations prévues, d’après les actuels travaux de laboratoires industriels et mê­me les avant-projets de prototypes.
Les bureaux actuels, même les plus scientifi­quement étudiés seront largement dépassés. Ils seront semi-circulaires, car il est illogique de les concevoir rectangulaires avec des angles exté­rieurs que l’employé ne peut atteindre ou utiliser. Les sièges que l’on doit pouvoir déplacer facile­ment seront en métaux légers avec assiettes en matières plastiques épousant les formes de l’as­sise humaine.
L’air des bureaux sera climatisé en chaud, froid et hygrométrie : un directeur pourra à tous ins­tants vérifier l’activité de son personnel et la qualité de sa production.
La machine à écrire sera toujours électrique et le rendement sera au moins doublé, sans perte de temps inutile. Il sera facile de transmettre à dis­tance un texte tapé par une dactylo ou d’en don­ner des copies directes en des lieux fort éloignés.
Déjà les P.T.T. de 1950 ont des fils spéciaux et des abonnements pour cela.
Mais l’appareil le plus curieux sera le fichier magnétique — il existe déjà — permettant de con­sulter les comptes et fiches depuis son bureau et de recevoir le renseignement sur un fond de lam­pe électronique spéciale.
Dans tout cela, il y aura cependant quelque chose qui n'aura pas changé : la nature humaine. Et il est vraisemblable que tous ces perfection­nements n’auront apporté aucun changement pra­tique, car c’est une pure vue de l’esprit que d’at­tribuer à la mécanisation à outrance une valeur par elle-même.
L’homme asservit la nature, mais c’est surtout elle qui le transforme en robot, eu ne faisant plus de lui qu’un être sans réflexion, ne sachant plus prendre d’initiative et encore moins de responsa­bilité. On ne raisonne plus, mais on agit selon un règlement en se couvrant par un système de réfé­rence. Or, l’humanité évolue avant tout par ondes enchaînées et l’on a déjà pu vérifier qu’en ma­tière de transports, on a vu les individuelles dili­gences céder la place aux trains ferroviaires, en étroite sujétion du rail et donc des horaires. Or, les ferroviaires ont perdu leur royauté au profit de l’auto et du camion autonome.
Dans l’industrie, après la concentration des ma­chines en usines gigantesques de dizaines de mil­liers d’ouvriers, on assiste à un retour à une sorte d’artisanat individualisé pour la confection à do­micile de pièces normalisées, avec seules chaînes de montage centralisées. C’est même le grand da­da actuel de la décentralisation industrielle. Et alors on se demande si le fameux bureau de l’an 2000 tout électrifié, motorisé, mécanisé, électronisé et super-hyper-rationalisés n’aura pas tout sim­plement disparu. Les hommes peuvent — ce n’est pas une certitude — être devenus sages, loyaux et honnêtes. Plus alors besoin de preuves écrites, de bons de commandes, de factures, de comptes, de copies de lettres.
Un simple petit poste émetteur-récepteur de ra­dio pour prendre les commandes et les passer aux magasins. Peut-être que de son côté la désinté­gration des atomes aura été tellement poussée qu’il suffira d’appuyer sur un bouton et la mar­chandise se dématérialisera, et, sans fil (bien en­tendu) ira-t-elle se reconstituer directement chez le destinataire...



Texte publié dans Journal et feuille d'avis du Valais et de Sion, 28 août 1950

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